Longtemps décriée, la filière hydrogène fait l’objet d’une attention croissante. Ses applications industrielles dans la transition énergétique sont évoquées autant par la sphère privé que le gouvernement. Cependant le monde maritime ne semble pas encore mobilisé, malgré ses innovations dans le domaine.
Le 24 novembre 2021, le Conseil Français de l’énergie réunissait les principaux acteurs de l’énergie (EDF, Engie, France Stratégie, IFP énergies nouvelles et l’Académie des Technologie). Les discussions portaient sur les différents enjeux de la filière : usages industriels et particuliers, stockage, cout de l’énergie finale (utilisateur), ainsi que la décarbonation de la production.
L’hydrogène n’est pas une source d’énergie primaire (ni secondaire) mais un vecteur énergétique : transport d’électricité, carburant, chaleur, etc. Sa production nécessite donc l’intervention d’énergie primaire ou secondaire (électricité). Or, la production d’hydrogène est actuellement majoritairement le fait d’énergies fossiles émettrices de gaz à effet de serre. On parle d’hydrogène gris.
La production d’un hydrogène vert devra donc passer nécessairement par une source d’électricité propre et abondante. Un objectif qui nécessite une gestion rationnelle du mix électrique national. Dans cette optique, toute production industrielle d’hydrogène ne pourra uniquement s’appuyer sur des sources éoliennes ou photovoltaïque. Celles-ci, intermittentes et non-pilotables, impliqueraient de facto, une compensation par des sources fossiles.
L’hydrogène et l’Atome
Comment produire alors un hydrogène décarboné ? Comme le rappelle, dans une note, la société française d’énergie nucléaire (SFEN), l’atome est une solution incontournable. L’énergie nucléaire assure à la France, avec l’énergie hydroélectrique, un mix électrique décarboné à 90%. Il s’agit d’une électricité abondante, pilotable et bon marché. Elle s’avère une opportunité pour le développement d’une filière de production d’hydrogène par électrolyse de l’eau.
Cet aspect fut précisément discuté, le 1er décembre, lors d’une réunion organisée par la Fondation Concorde. Le think tank accueillait Agnès Pannier-Runacher, Ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargée de l’Industrie. Cette réunion avait pour but de discuter les enjeux de la filière nucléaire pour une réindustrialisation nationale décarbonée. L’hydrogène, compte-tenu de ses applications économiques, et de ses impératifs de production, fut abordé.
Le ministre rappelait « l’effort massif » du gouvernement pour la création d’une filière industrielle européenne bas-carbone. Des projets qui devraient, selon le ministre, être mis en œuvre d’ici décembre 2021 et janvier 2022. Agnès Pannier-Runacher rappelait aussi la nécessité de faire émerger des écosystèmes locaux. Elle rejoignait, par-là, certaines conclusions des acteurs de la filière hydrogène française, réunis les 29 et 30 novembre. Pour rappel, l’année dernière le gouvernement décidait d’investir 7,2 milliards d’euros d’ici 2030 dans le cadre de sa « Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène décarboné ».
La mer de côté ?
Les acteurs de la filière maritime semblent être peu remarqués par les politiques publiques. Le secteur du transport [maritime] fait pourtant figure de fer de lance dans la R&D et les applications industrielles. On peut citer à ce titre Elogen, filiale de Gaztransport et Techhnigaz (GTT), seule société à produire des électrolyseurs matures en France. GTT est également en pointe dans la réflexion sur les usages de l’hydrogène, notamment en tant que vecteur d’énergie. En effet, malgré leur facteurs de charge avantageux, les énergies renouvelables off-shore sont difficilement raccordables au réseau électrique. Coupler des électrolyseurs à des éoliennes off-shore permettrait une production d’hydrogène in-situ. Avant d’être expédiée par tuyau ou navire méthanier vers les zones de consommation.