« Agir ou Subir » : c’est le titre d’un essai original et percutant, paru au début de l’année 2022. L’ouvrage se situe au carrefour de l’intelligence économique, de l’histoire militaire et du développement personnel. Il propose un choix à ses lecteurs : continuer à subir les événements ou bien reprendre en main leur existence. De quelle manière ? En empruntant la voie, exigeante, du commando.
Les auteurs, Raphaël Chauvancy, officier supérieur des troupes de marine, et Nicolas Moinet, universitaire, sont tous deux enseignants à l’École de Guerre Economique (EGE). Dans son approche, “Agir ou Subir ?” semble d’ailleurs se situer au cœur de la doctrine enseignée par l’École : une méthode de combat adaptée à l’hyper-compétition économique, scientifique, culturelle et militaire mondialisée. Même si le propos du livre n’est pas politique ou géopolitique.
L’objectif des auteurs d’« Agir ou Subir ? » consiste à transposer le savoir-être militaire à des applications civiles. L’ouvrage se présente ainsi comme une initiation aux valeurs commandos, particulièrement celle des Royal Marine britanniques, au sein desquelles Raphaël Chauvancy a été détaché durant quatre années. « Agir ou Subir ? » se présente alors sous la forme d’un manuel. Il décrypte les vertus de la voie du commando : courage, humilité, adaptabilité, excellence, humour, abnégation, joie et détermination. Elles forment à ce titre les neuf chapitres du livre.
Les neuf vertus du commando
Si chaque vertu est disséquée de façon théorique, l’ouvrage se veut aussi résolument opérationnel. Il comporte donc des enseignements pratiques (méthodes décisionnelles ou opératoires, etc) ; et surtout de nombreuses illustrations concrètes tirées de la vie ou de l’histoire militaire : l’adaptabilité remarquable des commandos des tigre noirs de l’adjudant-chef français Vanderberghe (Indochine), l’humour de Laurent de Chambure face aux troupes russes lors du siège de Leipzig en 1813 ; ou bien les recettes de réussite face à l’implacable sélection des Navy Seals américains (chapitre 9), etc.
Le propos est également, voire majoritairement, illustré d’exemples en provenance de la vie civile. Des personnalités ou des groupes étant parvenus à réaliser leurs objectifs professionnels ou militants par la pratique des vertus et modes d’action commandos : Wayne Lotter et son combat contre les braconniers en Tanzanie, le management de Vincent Bolloré ou bien le sauvetage de l’équipage d’Apollo 13.
« Agir ou Subir » apparaît comme un ouvrage nécessaire dans un pays, la France, qui semble intérioriser progressivement son déclin et son anomie
Pour mettre en valeur leur propos, les auteurs n’hésitent pas à détailler les antagonismes des vertus qu’ils défendent, quitte à se montrer politiquement incorrects en défendant l’élitisme ou en critiquant vertement la culture de la victimisation. Le lecteur lui-même est poussé dans ses retranchements, principalement via des exercices maïeutiques situés à la fin de chaque chapitre. Certaines questions, en écho avec les parties les plus essentielles du propos, forceront le lecteur soucieux de perfectionnement à une introspection potentiellement inconfortable, mais nécessaire.
Réarmement cognitif
« Agir ou Subir » apparaît comme un ouvrage nécessaire dans un pays, la France, qui semble intérioriser progressivement son déclin et son anomie. Un état consécutif d’un vide stratégique multidécennal, irrigué par une forte crise du leadership. Un état transposable à l’occident en général, comme l’a démontré l’historien américain Christopher Lasch dans « La révolte des élites».
Prédation sur ses champions [économiques] nationaux, influences étrangères hostiles sur son territoire ou à l’extérieur, attaques de ses marchés, fuite des cerveaux, etc : la France, malgré ses immenses atouts, parais peiner à se défendre. Comment conjurer son affaissement cognitif ? Et comment retrouver une culture du combat ? Peut-être en suivant la voie du commando ?